Mardi 2 avril 2024 à 20h
Avec Cyrille Rigolot, chercheur à l’UMR Territoires, Université Clermont Auvergne, INRAE, VetAgro Sup, AgroParisTech
La systémique agraire s’est développée en France à partir des années 70, dans un mouvement de dissidence vis-à-vis de la modernisation. Ce courant de recherche académique est fondé sur le concept central de système (« le tout est plus que la somme des parties »), et sur le principe que « les agriculteurs ont des raisons de faire ce qu’ils font ». Les travaux ont permis d’expliquer pourquoi certaines technologies se diffusaient faiblement dans les fermes, et de montrer que les agriculteurs pouvaient eux-mêmes être source d’innovation.
Malgré des résonances évidentes avec la biodynamie (cf. notion d’organisme agricole, cercles expérimentaux de fermes…), les échanges à ce jour ont été limités, même si plusieurs chercheurs ont identifié un potentiel de collaboration. Dans le cadre du Métaprogramme Inrae Metabio (changement d’échelle de l’agriculture biologique), le projet Synbiose (Syntropie, Biodynamie, Syncrétisme épistémologique) apporte des éléments tangibles de synergies possibles, sur des thématiques comme le développement de la polyculture-élevage autonome, la formation et les apprentissages.
Plus qu’un simple nouveau « cas d’application », la biodynamie interroge en profondeur les cadres et présupposés de la systémique agraire. Réciproquement, la systémique agraire ouvre de nouvelles possibilités d’évolution et de développement de la biodynamie. Ce dialogue émergeant pourrait préfigurer une nouvelle génération de recherches transdisciplinaires, plus aptes à impulser et accompagner des transformations sociétales à la hauteur des enjeux de durabilité.