La biodynamie peut-elle contribuer à développer l’intuition des agriculteurs

biodynamie et intuition

Article de recherche publié dans la revue Open Agriculture, 2019; 4: 391-399

Auteur : Saskia G. von Diest

Résumé :

Plusieurs études scientifiques indiquent que les agriculteurs n’utilisent pas souvent des outils formalisés d’aide à la décision comme on le voudrait, et beaucoup préfèrent se fier à leur intuition pour prendre des décisions pratiques de gestion. Alors que les sciences et l’enseignement agricoles reconnaissent les différents types de connaissances que les agriculteurs utilisent, l’intuition continue de recevoir peu d’attention en sciences agricoles, ce qui indique une lacune dans la recherche sur la prise de décision des agriculteurs.

Le mécanisme qui guide l’intuition fait toujours l’objet d’un débat, mais il est décrit comme un moyen invasif, involontaire et rapide de connaissance, offrant un accès au savoir tacite (interne, intangible) qui complète des processus analytiques. De nombreuses études s’accordent à dire que l’intuition peut être formée pour accroître la précision et la fiabilité. Cependant, les travaux exhaustifs de Rudolf Steiner sur l’intuition ne figurent guère dans la science moderne, et pourtant ses écrits et son approche de l’agriculture biodynamique offrent aux agriculteurs et aux non-agriculteurs des lignes directrices pour le développement systématique de capacités subtiles comme l’intuition.

L’exploration collaborative et transdisciplinaire entre la recherche agricole et la théorie et la pratique de la biodynamie peut être utile pour aider les agriculteurs à développer leurs connaissances intuitives. Une telle alliance pourrait contribuer à accroître la sensibilisation et la pratique de la biodynamie, à élargir la base de connaissances et le lexique pour le domaine de recherche émergent de l’agriculture intuitive, et à revigorer la recherche agricole vers des pratiques agricoles plus efficaces, personnalisées et reliées.

Conclusion :

Dans cet article exploratoire, une lacune théorique et pratique dans les connaissances de la science agricole moderne sur la prise de décision des agriculteurs a été identifiée, et des raisons ont été données pour expliquer pourquoi cette lacune pourrait devoir être comblée par des approches scientifiques non conventionnelles. Une proposition est faite ici sur la façon dont les enseignements de la biodynamie peuvent aider à combler cette lacune, et les avantages potentiels d’une alliance entre la biodynamie et la science agricole dominante et les agriculteurs sont explorés.

Aider les agriculteurs à affiner leurs capacités intuitives serait une approche pratique et stratégique pour les aider à accéder aux connaissances tacites et à prendre des décisions rapides, précises et personnalisées dans des systèmes qui sont complexes et dynamiques. Cela pourrait compléter les connaissances explicites et les capacités d’analyse des agriculteurs, et serait particulièrement utile pour les agriculteurs qui n’ont pas accès à la technologie sur laquelle reposent les outils formels d’aide à la décision. Un prochain article explorera plus en détail la littérature sur ce sujet particulier. En outre, cela pourrait aider les agriculteurs, et même les non-agriculteurs, à reprendre confiance en leur propre savoir intérieur, ou  » boussole de la connaissance « , et à croire qu’ils peuvent avoir la capacité d’accéder aux informations pertinentes dont ils ont besoin à un moment donné.

Sur la base des arguments avancés ici, il semble que les explorations collaboratives entre la science agricole moderne et la théorie et la pratique de la biodynamie pourraient fournir une approche innovante et plus adéquate pour étudier le développement de l’intuition des agriculteurs qu’une approche purement analytique, et ainsi potentiellement commencer à combler l’écart des connaissances. Les travaux de Steiner offrent un autre type de langage qui pourrait aider à élargir le lexique de ces recherches, à enrichir la compréhension et l’ensemble de la littérature sur l’intuition et à fournir une base pour l’écofluence.
Une telle alliance peut contribuer à redynamiser la recherche agricole vers des pratiques plus efficaces, personnalisées et cohérentes et, en fin de compte, des systèmes agricoles résilients.