Sortie du livre VITALITÉ – De la terre à la table

Biodynamie Recherche a participé à l’édition de ce livre écrit par le chercheur danois Jens-Otto Andersen et préfacé par François Veillerette de l’association Génération Futures. Un ouvrage éclairant sur un sujet d’une actualité capitale, écrit dans un langage clair et facile d’accès, et néanmoins basé sur une impressionnante bibliographie scientifique.

Les aliments biologiques et biodynamiques sont-ils meilleurs pour la santé et pour l’environnement ? Quels sont les effets des résidus de pesticides et des OGM présents dans certains aliments ? Comment évaluer la vitalité des produits que nous mangeons ?

Nous disposons aujourd’hui de vastes connaissances scientifiques sur la composition de nos aliments, que ce soient les minéraux, les protéines, les vitamines ou encore les antioxydants. Toutefois, pour comprendre véritablement la qualité de ce que nous mangeons, nous devons aussi tenir compte des propriétés vitales de notre nourriture. On entend ici par vitalité la capacité des organismes vivants à maintenir leurs processus et leur cycle de vie intacts même lorsqu’ils sont soumis à une forte pression de l’environnement. Dans cette perspective, les organismes vivants ne sont pas considérés sous le seul angle de leurs constituants biochimiques. Il faut prendre en compte leurs constituants vitaux et s’intéresser à leurs processus de vie. De plus, il est pertinent de redéfinir le concept de santé. Celle-ci ne peut être réduite à l’absence de maladies mais constitue plus largement la capacité d’un organisme à maintenir un équilibre complexe quand surviennent des changements au cours de son cycle de vie. Ce livre présente de manière très accessible un éventail d’exemples de vitalité, tirés à la fois de la recherche scientifique et de la vie quotidienne.

Extrait du premier chapitre :

La vitalité, la renaissance d’un concept ancien

Le mot « vitalité » provient du latin vita, qui signifie « vie ». Dans les grandes lignes, le mot « vitalité » possède trois acceptions différentes. La première nous est familière dans la vie de tous les jours lorsque nous observons chiots, chatons et enfants jouer, débordant d’énergie et de joie. Les médecins peuvent aussi faire usage du concept avec une signification similaire lorsqu’ils demandent à leurs patients de décrire leur bien-être physique après un traitement. La seconde acception est la vitalité en tant que force de vie chez les organismes vivants, une énergie que l’on ne retrouve pas chez les minéraux et les cristaux.

Galilée (1564-1642), l’un des fondateurs de la physique et de la science moderne, rejeta catégoriquement toute forme de vitalisme, l’ensemble des perceptions populaires et religieuses de cette force de vie. Pendant des années, il s’attacha à définir les bases de la physique, et il arriva à la conclusion que la physique – et la science en général – devaient être fondées exclusivement sur des éléments et des propriétés pouvant être mesurés, pesés et comptés. Il a également écrit des livres sur l’astronomie, sur la position du Soleil, sur les planètes et sur la Terre- Mère dans l’Univers.

Au temps de Galilée, lorsque la science en était à ses débuts, ces réflexions ne passaient pas pour anodines. En effet, en affirmant que le Soleil était au centre de l’Univers, Galilée est allé à l’encontre du point de vue catholique dominant. La puissante Église pontificale ne tolérait pas les vues hérétiques selon lesquelles la Terre était ronde et le Soleil constituait le centre de l’Univers ; l’Inquisition imposa les convictions de l’Église avec diligence, brutalité et terreur.

Peu à peu, des universités fondées sur une approche non-religieuse des phénomènes de la nature furent créées dans toute l’Europe et un cessez-le-feu fut instauré entre l’Église et la science en développement. Pendant la période romantique, cependant, le vitalisme était répandu parmi les érudits et les scientifiques. Jacob Berzelius (1779-1848), l’un des pères de la chimie moderne, croyait qu’une force vitale régulatrice existait dans la matière vivante afin de maintenir ses processus de vie. Les chimistes, soutenant cette conception de la nature, étaient convaincus de ne jamais pouvoir reproduire aucune des substances organiques présentes chez les plantes et chez les animaux.

Cependant, en 1847, une découverte capitale eut lieu : le chimiste allemand Hermann Kolbe parvint à produire de l’acide acétique entièrement à base de substances inorganiques et de minéraux. L’acide acétique issu de sources naturelles était connu depuis des siècles, mais il devint alors possible de le produire en laboratoire. Cette découverte déclencha un développement explosif de la chimie. En l’espace de vingt-cinq ans, plus de 10 000 composés organiques d’origine végétale et animale furent identifiés et nommés de manière systématique. Le vitalisme et la vitalité disparurent rapidement du champ de la science.

En 1953, un siècle après la découverte de Kolbe, des biochimistes révélèrent la manière dont nos gènes et nos chromosomes étaient construits. La double spirale d’ADN fut identifiée. L’enthousiasme parmi les scientifiques fut énorme et un grand nombre d’entre eux furent persuadés que l’énigme de la vie avait été résolue. Francis Crick, l’un de ceux qui avaient découvert la structure de l’ADN, affirma : « Et ainsi à l’adresse de ceux d’entre vous qui sont peut-être vitalistes, je ferais la prophétie suivante : ce que tout le monde a cru hier, et ce que vous croyez aujourd’hui, seuls les excentriques le croiront demain ». Le vitalisme chez les scientifiques a été remplacé, à quelques exceptions près, par les molécules et les gènes.

Aujourd’hui, après des années d’efforts pour décrire certaines des questions essentielles de la biologie telles que le développement des embryons, certains biologistes ne sont pas convaincus que l’on puisse y répondre sur le seul fondement de la structure de l’ADN. Il n’est donc pas surprenant de constater que le concept de vitalité est toujours controversé.

La troisième et dernière acception du mot « vitalité » constitue l’objet de ce livre : la capacité des organismes vivants à résister à des pressions extrêmes sans que cela ne nuise gravement à leurs processus vitaux, capacité qui ne peut être réduite à la question d’un gène unique ou d’un petit nombre de molécules et de composés.

Chaque année, lorsqu’un agriculteur sème des céréales dans un champ, les graines sont mises à l’épreuve de cette troisième signification de la vitalité. Certaines ne parviendront jamais à germer, à cause d’un sol trop froid ou trop sec, et les champignons attaqueront le grain en germination si la météo devient trop humide. En agriculture conventionnelle, des produits chimiques toxiques sont utilisés pour traiter la surface des graines, empêchant ainsi les champignons de les attaquer.

Cependant, ces substances n’étant pas autorisées en agriculture biologique et biodynamique, la vitalité des graines y est donc d’une importance cruciale.

On appelle vitalité ou vigueur germinative la capacité de germer dans des conditions difficiles dans les champs ; il s’agit d’un concept scientifique reconnu. Sur un sac de céréales, on peut indiquer que le pourcentage de germination est de 96 %, c’est-à-dire que 96 graines sur 100 au minimum germeront. Cependant, cela ne s’applique pas aux conditions difficiles dans les champs, mais aux essais de germination réalisés dans une armoire chauffante en laboratoire. C’est pourquoi les chercheurs ont mis au point divers tests de vitalité pour estimer la faculté germinative en conditions réelles. Cette vitalité se définit de manière très simple : « la somme des propriétés du grain qui déterminent le niveau d’activité et la performance pendant la germination et la croissance initiale. Les graines qui donnent de bons résultats montrent une vitalité élevée et celles qui donnent de mauvais résultats montrent une vitalité faible. »

La vitalité germinative n’est qu’un des nombreux exemples de vitalité. La méthode scientifique pour tester la vitalité consiste à exposer un organisme vivant à un traitement de stress bien défini, après quoi sa capacité à résister aux effets négatifs sur des processus de vie spécifiques est mesurée. Il nous faut donc comprendre les liens entre différents types de vitalité et la santé des organismes vivants – micro-organismes, plantes, animaux – et aussi la nôtre.

Cela implique une nouvelle perception de la santé. Il nous faut passer d’une conception de la santé comme absence de symptômes à celle de la santé correspondant à la capacité de gérer les facteurs physiques et mentaux stressants auxquels la vie peut nous exposer.

Résumé des chapitres

Nos aliments – plus que des nutriments

Nos aliments sont plus qu’une somme de nutriments. Certaines des plantes utilisées dans les traditions de la médecine populaire contiennent des composés puissants qui favorisent la santé. Les betteraves rouges, les choux et les céleris que nos grands-parents nous servaient contiennent de tels composés qui peuvent nous protéger contre diverses maladies chroniques comme le diabète. Cependant, les sélectionneurs ont involontairement réduit la teneur en composés bénéfiques pour la santé dans leur recherche de variétés au goût plus sucré.

Vitalité – résister à la tempête

Nos aliments sont plus ou moins vitaux. Les plantes et les animaux peuvent, dans une certaine mesure, résister à des facteurs de stress extrêmes. Nous observerons des concombres coupés en tranches capables de se ressouder sans le moindre signe d’attaque de micro-organismes. Nous nous intéresserons à du lait qui tue les bactéries, ainsi qu’à des légumes susceptibles de générer des images de cristallisation sensible cohérentes dans des conditions de stress.

Vitalité et santé

La santé n’est pas l’absence de symptômes, mais le fruit d’une constitution physique innée, d’une capacité à mobiliser des ressources physiques et mentales, des facteurs environnementaux et enfin et surtout de la consommation d’aliments vitaux. Nous examinerons des concepts comme l’homéostasie, la salutogenèse et l’« auto-santé ».

Il était une fois l’agriculture…

L’agriculture conventionnelle moderne est capable de produire des aliments bon marché. Cependant, les pratiques agricoles vertueuses d’autrefois, basées sur un équilibre entre la nature, la culture et l’industrie, ont disparu. Les effets négatifs des engrais artificiels, des pesticides, des antibiotiques et des OGM sur notre environnement et notre santé sont aujourd’hui évidents. À qui incombe la responsabilité de protéger notre nourriture et notre santé ?

Des plantes aux talents insoupçonnés

L’agriculture conventionnelle a de plus en plus réduit les plantes à des unités de production isolées et passives. Mais en y regardant de plus près, on découvre rapidement leurs remarquables capacités : elles coopèrent avec les champignons, elles envoient de la lumière, elles communiquent en dessous et au-dessus du sol, elles suivent le rythme du Soleil et de la Lune – et elles sont vulnérables aux engrais azotés conventionnels.

Vers une agriculture durable

Au départ, l’agriculture biologique et l’agriculture biodynamique constituaient toutes deux une réaction à l’agriculture conventionnelle. Nous verrons comment les cultures et les animaux sont traités dans ces types d’agriculture plus durables. Nous nous intéresserons à la base même de l’agriculture, au sol fertile et à ses « magiciens aveugles », les vers de terre, ainsi qu’au rôle clé du compostage dans la formation de la chaîne de santé allant du sol à l’estomac.

Les aliments biologiques et biodynamiques sont-ils plus vivants ?

Les aliments biologiques et biodynamiques sont-ils plus sains ? Une question controversée encore en attente de preuves irréfutables. Nous disposons de nombreuses preuves circonstancielles, notamment lorsque nous nous concentrons sur la vitalité plutôt que sur les nutriments. Nous examinerons entre autres les bactéries se nourrissant de légumes biologiques qui résistent mieux à l’effet mortel des produits chimiques mutagènes que les bactéries se nourrissant de légumes conventionnels.

Les parties et l’ensemble

La science est compétente pour analyser les atomes, les molécules et les gènes, mais elle a du mal à travailler avec les « ensembles ». Nous sommes en train de changer de paradigme en passant des parties au tout. Le défi consiste à considérer les organismes vivants dans leur ensemble, les patients comme des humains dans leur globalité et les fermes comme des écosystèmes intégrés dans des écosystèmes plus vastes. Les structures d’eau stables récemment découvertes apportent une pièce précieuse au puzzle.

Un changement de paradigme en agriculture

Le temps est venu pour un changement de cap en agriculture. Il s’agit de délaisser les systèmes agricoles qui érodent les écosystèmes naturels pour aller vers des systèmes agricoles durables. Nous avons besoin d’une nouvelle compréhension de l’agriculture et de l’économie. Nous devons prendre soin du cercle de la santé en recyclant les déchets ménagers organiques. Qui que vous soyez, il vous est possible de contribuer à cette gigantesque transformation vers un nouveau mode d’agriculture, de production alimentaire, de vitalité et de santé.

L’auteur

Originaire du Danemark, Jens-Otto Andersen a travaillé sur des fermes biologiques et biodynamiques durant sa jeunesse. Devenu agronome, il a ensuite obtenu un doctorat dans le domaine de la qualité des aliments. Il travaille depuis 2001 comme coordinateur de recherche au sein de l’Association de recherche biodynamique du Danemark. En collaboration avec des chercheurs allemands et néerlandais, il a développé et documenté la cristallisation sensible, auparavant controversée, pour en faire une méthode scientifiquement reconnue. Le recours à cette méthode a permis, dans un certain nombre de recherches, de différencier des cultures et des produits conventionnels, biologiques et biodynamiques. Avec des chercheurs suisses et néerlandais, il a également démontré que la cristallisation sensible permettait d’identifier des dilutions homéopathiques D30. En 2016, il a publié Vitalitet – fra muld til mave, ensuite traduit en anglais et à l’origine du présent ouvrage.