Recherche-action-participative, génétique moléculaire et viticulture en biodynamie. Cheminer du dissensus vers le consensus scientifique

Mardi 23 avril 2024 à 20h

Avec Jean Eugène MASSON, directeur de recherches à l’INRAE de Colmar et responsable du projet Vitirepere PNPP.

Les disciplines scientifiques étudient autant que proposent des techniques agricoles et des plants et semences, pour répondre à un modèle dominant implémenté à l’échelle planétaire. Pourtant, ce modèle agricole a montré ses limites sociales, économiques, environnementales, et même philosophiques. C’est bien une autre agriculture prenant en compte l’ensemble des enjeux dont on attend de voir le développement. A cet égard, la biodynamie, basée sur une vision holistique, est une forme de réponse ayant fait ses preuves. Cela-dit, la biodynamie cherche à compléter les savoirs d’expérience paysans avec des validations scientifiques venant du monde de la recherche. Elle attend aussi par ce biais la construction de relations entre les agriculteurs en conduite conventionnelle et biologique, avec ceux engagés en biodynamie. Se dessinent donc à la fois des questions relevant des sciences humaines et des sciences agronomiques et biologiques. Pourtant, les disciplines scientifiques, dans leur quête d’excellence, se sont tant isolées les unes des autres qu’elles ne peuvent lire et encore moins résoudre les problématiques dans leur complexité. Nous appuyant sur dix ans d’expérience, nous montrerons qu’une approche de recherche-action-participative transdisciplinaire REPERE se libère des contraintes de la recherche standard. Cette recherche reconnait à la fois les savoirs d’expérience de viticulteurs en conduites conventionnelle, biologique et biodynamique, et ceux des chercheurs, dans des projets qui les lient. Le cadre épistémologique a transformé toutes les étapes de la recherche, de la formulation des questions à la génération de connaissances, et jusqu’à la mise en œuvre des actions, en associant tous les acteurs. Nous avons ainsi montré que l’immunité de la vigne est à la fois plus active et plus réactive aux stress du climat et des maladies lorsqu’elle est cultivée en conduite biodynamique. Cette recherche-action-participative a ainsi à la fois produit des connaissances originales sur la biodynamie, obtenu une reconnaissance de la communauté scientifique, donné envie à des vignerons en conduite conventionnelle au point de reconcevoir leurs conduites, en direction de la biodynamie, et dans le fond, montré à tous, que la complexité est une ressource.