
Résumé d’un article d’Alessandro Piccolo et Marios Drosos publié en 2025 dans la revue Chemical and Biological Technologies in Agriculture, Volume 12. DOI:https://doi.org/10.1186/s40538-025-00730-0.
Titre original : The essential role of humified organic matter in preserving soil health
Dans cet article, Alessandro Piccolo et Marios Drosos explorent le rôle central de l’humus dans la santé des sols, définie comme un équilibre entre fertilité physique, régulation hydrique, activité microbienne et séquestration du carbone. L’étude examine les pratiques agricoles, notamment l’agriculture biodynamique, et leur impact sur l’humification, dans un contexte de dégradation des sols et de changement climatique. Ce résumé présente les principales conclusions, avec une analyse détaillée de la gestion de l’humus dans les agricultures conventionnelle, biologique et biodynamique, et met en lumière les résultats mesurables des préparations biodynamiques.
Une nouvelle vision de l’humus
L’humus, loin d’être une macromolécule polymérique, est aujourd’hui compris comme un assemblage supramoléculaire de petites molécules liées par des interactions hydrophobes et des liaisons faibles, telles que les ponts hydrogène. Cette structure permet à l’humus de stabiliser les agrégats du sol, d’améliorer la rétention d’eau et de résister à la dégradation microbienne. Pour analyser cette complexité, les auteurs ont développé la huméomique, une méthode de fractionnement chimique séquentiel qui solubilise les molécules humiques, même celles liées par des liaisons covalentes, pour une caractérisation précise via des techniques comme la spectroscopie RMN ou la spectrométrie de masse. Cette approche a révélé que l’humification repose sur l’accumulation sélective de composés hydrophobes, formant le huméome, l’ensemble des molécules organiques du sol.
Fonctions clés de l’humus
L’humus joue un rôle multifonctionnel dans la santé des sols. Physiquement, il favorise la formation d’agrégats stables, réduisant l’érosion et améliorant la structure du sol. Chimiquement, il augmente la capacité de rétention d’eau, cruciale face aux sécheresses croissantes. Biologiquement, il stimule l’activité microbienne dans la rhizosphère, favorisant le recyclage des nutriments et la croissance des plantes. Enfin, en stockant des composés hydrophobes stables, l’humus contribue à la séquestration du carbone, un levier essentiel contre le changement climatique. Ces fonctions font de l’humus un pilier des agroécosystèmes durables.
L’agriculture biodynamique : une approche écologique avancée
L’article met en avant l’agriculture biodynamique comme une pratique exemplaire pour exploiter le potentiel de l’humus. Les auteurs montrent comment les effets des préparations biodynamiques reposent sur des mécanismes biochimiques validés scientifiquement. Deux pratiques clés sont détaillées :
La bouse de corne (Préparation 500)
Cette préparation, obtenue par humification anaérobie de fumier bovin dans une corne enterrée, agit comme un biostimulant. Elle booste l’activité microbienne dans la rhizosphère, améliorant l’absorption des nutriments et la résilience des plantes face aux stress. Des études citées montrent une augmentation de la biomasse microbienne et de l’activité enzymatique dans les sols traités, confirmant son efficacité.
Les Préparations pour le Compostage
L’agriculture biodynamique utilise des extraits de plantes (achillée millefeuille, camomille, ortie, pissenlit, écorce de chêne) pour enrichir le compost. Ces préparations accélèrent l’humification aérobie, produisant un compost mature riche en composés humiques hydrophobes. Appliqué au sol, ce compost renforce la fertilité, stabilise les agrégats et réduit l’érosion. Comparée à l’agriculture conventionnelle, cette approche limite la minéralisation rapide de la matière organique, préservant le carbone dans le sol.
Implications pour l’agriculture
L’agriculture biodynamique montre qu’une gestion ciblée de l’humus peut contribuer à relever les défis de la dégradation des sols, de la perte de biodiversité et du changement climatique. Ses préparations favorisent l’accumulation de composés humiques stables, améliorant la structure des sols, leur capacité à retenir l’eau et leur rôle dans la séquestration du carbone. La complexité de leur production limite cependant leur application à grande échelle, un aspect que la recherche devra adresser.
Orientations de recherche
Les interactions entre l’humus, les sols, les plantes et les micro-organismes requièrent des investigations combinant la huméomique et les études agronomiques. Les priorités incluent l’élucidation des mécanismes des préparations biodynamiques, le développement de méthodes pour leur production à plus grande échelle, et leur intégration avec d’autres pratiques agricoles durables.
Conclusion
L’étude de Piccolo et Drosos positionne l’humus comme un élément essentiel de la santé des sols, avec des implications significatives pour l’agriculture. L’agriculture biodynamique, à travers ses préparations, offre une approche structurée pour optimiser l’humification, la fertilité et la séquestration du carbone. Ces résultats appellent à approfondir les recherches pour renforcer la compréhension et l’application de ces pratiques dans des agroécosystèmes durables.