Résumé et extraits d’un article de Georg Meißner et al. publié en 2019 dans la revue OENO One.
Titre original : Conversion to organic and biodynamic viticultural practices: impact on soil, grapevine development and grape quality.
Objectif : Les effets des pratiques intégrées, biologiques et biodynamiques sur la qualité du sol, la croissance et le développement morphologique des vignes de Riesling ont été évalués au cours des 4 premières années d’un essai de terrain à long terme à Geisenheim, en Allemagne. L’objectif général était de comprendre les effets de ces différentes pratiques viticoles sur la qualité du sol et la morphologie des plantes, à la base de la qualité du produit.
Méthodes et résultats : Comme indicateurs de la qualité du sol, l’abondance des vers de terre et l’activité des enzymes sélectionnées ont été évaluées. Le développement végétatif et reproductif des vignes, ainsi que leur sensibilité aux maladies fongiques, la composition des bois et du raisin, ainsi que le rendement du raisin ont été étudiés. Les variables individuelles ont été soumises à une analyse de variance. En outre, toutes les variables ont été soumises à une analyse multivariée des composantes principales. Par rapport aux parcelles en gestion intégrée, les parcelles soumises aux deux traitements biologiques ont été caractérisées par une qualité de sol supérieure et une croissance végétative et un rendement en raisin inférieurs, et donc une exposition plus importante des raisins et une compacité des grappes plus faible, et, probablement en raison de ces différences morphologiques, une incidence plus faible de la pourriture acétique. L’analyse en composantes principales a clairement différencié les trois traitements, et a montré que la gestion biodynamique avait des effets plus prononcés que la gestion biologique en termes d’amélioration de la fertilité du sol et de réduction de la croissance végétative.
Conclusions : Dans la présente étude, la gestion biologique et surtout biodynamique a donné lieu à une morphologie favorisant la production de raisins de haute qualité. Les traitements différaient en termes de méthodes de fertilisation et de protection des plantes ainsi que de choix des couverts végétaux. Par conséquent, des recherches supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne la croissance racinaire et la dynamique d’absorption de l’azote et de l’eau par les vignes et les couverts végétaux. Les différences entre les raisins produits en agriculture biologique et en biodynamie soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur le mode d’action des préparations biodynamiques.
Importance et impact de l’étude : Ces dernières années, tant les viticulteurs que les consommateurs ont exprimé un intérêt croissant pour la production de vin biologique et surtout biodynamique. La présente étude contribue à une meilleure compréhension des effets de la conversion à ces méthodes sur la croissance de la vigne et le développement morphologique dans le but d’améliorer la qualité des produits.
Conduite biodynamique versus conduite biologique
La plupart des variables étudiées du point de vue du développement végétatif et reproductif des vignes ont montré de grandes différences entre les résultats obtenus pour les vignes en gestion intégrée, qui ont eu la croissance la plus vigoureuse, et ceux obtenus avec les deux traitements biologiques. Dans de nombreux cas, les différences n’étaient significatives qu’entre les vignes en système intégrée et les vignes en système biodynamique. En outre, lors de l’évaluation complète des valeurs moyennes par analyse en composantes principales, par rapport aux quatre parcelles biologiques, les quatre parcelles biodynamiques ont toutes eu des valeurs plus faibles pour la première composante principale. Cela indique des effets plus prononcés en termes d’amélioration de la fertilité du sol et de réduction de la croissance végétative des vignes en conduite biodynamique, ce qui soutient notre troisième hypothèse.
En particulier, l’augmentation de l’abondance des vers de terre, par rapport au sol des parcelles en gestion intégrée, était considérablement plus élevée dans le sol des parcelles en gestion biodynamique que dans celui des parcelles en gestion biologique en 2007-2009. Cela est conforme aux conclusions de Mäder et al. (2002) et de Reeve et al. (2005). Toutefois, dans les trois études, les différences n’étaient pas significatives.
Au cours des 4 années pour lesquelles des résultats sont disponibles, les vignes cultivées en biodynamie ont eu le poids de taille le plus faible, et au cours de 2 des 3 années pour lesquelles des résultats sont disponibles, la longueur de pousse la plus courte. À la plupart des dates de mesure, le poids des baies et, par conséquent, la compacité des grappes de raisin, ainsi que le degré et la fréquence d’infection par Botrytis cinerea étaient inférieurs à ceux des vignes en gestion biologique. La seule différence entre la gestion biologique et la gestion biodynamique était l’application des préparations biodynamiques dans cette dernière.
Une hypothèse plausible, complétant potentiellement la théorie selon laquelle les effets de régulation bactérienne sous-tendent le mode d’action des préparations biodynamiques (Spaccini et al., 2012 ; Giannatasio et al., 2013) en stimulant les composés de défense naturels (Botelho et al., 2016), est que les préparations biodynamiques agissent par le biais d’effets hormonaux. Radha et Rao (2014) ont analysé la composition des communautés microbiennes dans les préparations biodynamiques, y compris la préparation de bouse de corne BD 500, et ont constaté que toutes les souches bactériennes analysées produisaient de l’acide indole-acétique. Cette conclusion est étayée par les résultats des études de Giannatasio et al. (2013), qui ont constaté que le BD 500 présente de forts effets de type auxine, et de Spaccini et al. (2012), qui ont détecté de grandes quantités de résidus de lignine non dégradés, dont on sait qu’ils présentent une activité de type acide acétique indole et pourraient expliquer la biostimulation des microbes et des plantes. Dans une étude de Fritz (2000), 44 des 47 variables qui ont montré des réactions significatives en réponse à l’application de silice de corne sur les haricots et la laitue étaient des variables connues pour être influencées par l’acide gibbérellique (voir aussi Fritz et Köpke, 2005). L’acide gibbérellique est utilisé dans la production intégrée de raisins pour réduire la compacité des grappes et donc le risque d’infection par Botrytis cinerea. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l’application de préparations biodynamiques stimule la production d’acide gibbérellique.