Différenciation des paramètres physiques et chimiques du sol en viticulture biodynamique

Résumé et conclusion d’un article de M. Hendgen et al. publié dans la revue Plants 2020, 9, 1361.

Titre original : Spatial Differentiation of Physical and Chemical Soil Parameters under Integrated, Organic, and Biodynamic Viticulture.

Résumé

Les sols des vignobles présentent un risque accru de dégradation en raison de leur culture intensive. La préservation de l’intégrité et de la fertilité des sols est un concept clé de l’agriculture biologique et biodynamique. Toutefois, ces deux systèmes font également l’objet de critiques en raison de la quantité plus importante de produits phytosanitaires utilisés et de l’intensité accrue des passages motorisés par rapport à la viticulture intégrée, deux facteurs préjudiciables à la qualité des sols. L’objectif de cette étude était donc d’évaluer les effets à long terme de ces trois systèmes de culture sur les paramètres chimiques et physiques de la qualité des sols. À cette fin, des échantillons de terre végétale ont été prélevés dans un vignoble d’essai à long terme en différents endroits et examinés pour la densité apparente, la capacité en eau disponible, le carbone organique du sol, l’azote, le pH et les concentrations en cuivre total et biodisponible. Les parcelles biodynamiques présentaient une densité apparente plus faible et une concentration de carbone organique plus élevée que les parcelles intégrées, ce qui est probablement dû à une couverture de sol plus riche en espèces présent dans l’inter-rang. Cependant, l’agriculture biologique et biodynamique ont montré une accumulation de cuivre dans la zone sous les vignes et dans les traces de tracteur, ce qui est problématique pour la fertilité du sol à long terme. Il est donc nécessaire de trouver des alternatives au cuivre dans la protection des plantes pour assurer une qualité durable des sols grâce à la viticulture biologique et biodynamique.

Extraits et conclusions

Les analyses de variance ont révélé un effet significatif du système de culture ainsi que de la position des rangées sur la densité apparente moyenne du sol (voir ci-dessous). La densité apparente moyenne était la plus élevée dans le sol des parcelles intégrées (1,53 g/cm3) et différait sensiblement de la gestion biodynamique (contraste p = 1,46 × 10-2), qui avait la densité apparente moyenne la plus faible (1,47 g/cm3). Les sols gérés biologiquement se situaient entre les deux (moyenne de 1,51 g/cm3) sans différence statistique.

Densité apparente du sol du vignoble en gestion intégrée, organique et biodynamique, selon la position des prélèvements : sous la vigne, passage du tracteur et le milieu de l’inter-rang végétalisé.

Propriétés microbiennes du sol

Les effets positifs de la viticulture biologique et biodynamique sur les propriétés microbiennes du sol augmenteraient avec le temps, car il a été démontré que le taux de carbone organique dans les parcelles en culture biodynamique (1,41 % en moyenne) est nettement plus élevé que dans les parcelles en culture intégrée (1,09 % en moyenne) et en culture biologique (1,15 % en moyenne).

Carbone organique du sol du vignoble en gestion intégrée, organique et biodynamique, selon la position des rangs sous la vigne, le passage du tracteur et le milieu de l’inter-rang végétalisé. Les systèmes de gestion avec différentes lettres en haut diffèrent de manière significative avec α = 0,05 selon le test de la différence la moins significative (n = 4).

Aucune différence statistique n’a été détectée entre le système intégré et le système biologique.

Carbone organique dans le sol

Le rapport C/N n’a pas montré d’effet significatif de position ni d’effet de gestion significatif. Cependant, en conséquence des résultats sur l’azote et le taux de carbone organique dans le sol, le traitement biodynamique a eu tendance à avoir un rapport C/N légèrement plus élevé (12,31) que le traitement organique (10,2) et le système intégré (10,15).

Le carbone organique du sol était sensiblement plus élevé dans les sols soumis à une gestion biodynamique et avait tendance à présenter des valeurs plus élevées dans l’espace inter-rang par rapport à la surface sous la vigne. Dans la zone sous les vignes, le taux de carbone organique dans le sol était le plus élevé pour le traitement biodynamique et différait sensiblement du traitement intégré. En outre, le traitement biodynamique a montré les valeurs de taux de carbone organique dans le sol les plus élevées dans les trois endroits du vignoble.

Préparations biodynamiques

Il convient toutefois de noter que le traitement biodynamique présentait un taux de carbone organique plus élevé que le traitement biologique, bien qu’ils ne diffèrent pas en termes de choix de couvert végétal et de gestion des vignes. Les préparations biodynamiques, en particulier les préparations de bouse de corne et les préparations du compost, peuvent contribuer à améliorer la croissance des racines ainsi que le développement de la biomasse du couvert végétal, bien que le mode d’action des préparations biodynamiques reste encore incertain.

Le traitement biodynamique présente des effets particulièrement positifs, avec la plus faible densité apparente et la plus forte concentration de taux de carbone organique dans le sol, ainsi que la plus grande biodiversité de plantes dans le couvert végétal.

Résidus de cuivre

L’étude montre également que les sols des vignobles cultivés en bio et biodynamie présentent une accumulation constante de Cu, ce qui est problématique pour la fertilité du sol à long terme. Par conséquent, il convient d’intensifier la recherche de produits de traitement de substitution ou de promouvoir la culture de variétés tolérantes aux maladies, pour la protection desquelles il faut moins de Cu.