Par-delà nature et viticulture. Les nouvelles approches holistiques, sensibles et créatives en viticulture

Mardi 7 mai 2024 à 20h

Avec Alexandre Grandjean, socio-anthropologue des religions, affilié à l’Institut de sciences sociales des religions (ISSR) de l’Université de Lausanne, où il obtient son doctorat en 2022.

Les recherches d’Alexandre Grandjean portent sur le vieillissement en Église, les transformations contemporaines des paysages socioreligieux et les processus de popularisation des registres spirituels dans les cultures ludiques, économiques, politiques, agricoles et militantes en Europe de l’Ouest. De 2015 à 2021, il collabore à deux projets de recherche successifs à l’Université de Lausanne sur l’écologisation du religieux et la spiritualisation de l’écologie en Suisse. Dans ce cadre, il conduit son enquête doctorale sur le déploiement de nouvelles sensibilités agroécologiques et spirituelles dans les métiers de la vigne et du vin. Ses articles peuvent être consultés dans des journaux comme Ethnologie française, Archive des sciences sociales des religions, Social Compass, Journal of Religion in Europe ou alors Journal for the Study of Religion, Nature and Culture.

Les récents engagements vignerons dans les lignes de conduite des agricultures biologiques sont marqués par de nombreuses circonvolutions auprès d’expert·es et formateur·trices tant agronomiques qu’holistiques. Toutefois, et de manière spécifique aux métiers de la vigne et du vin, c’est derrière l’étiquette de la biodynamie que vignerons et vigneronnes indiquent une première recherche de ressources alternatives afin de prendre soin de leurs sols, de leurs vignes et de leurs vins. A travers ce que je qualifie d’un « moment biodynamique » dans leur parcours vie, ces derniers précisent que leurs découvertes et expérimentations avec ces lignes de conduite coïncident souvent avec une logique de liaison : entre vie privée et publique, savoirs subjectifs et objectifs, mais aussi entre référents agronomiques et spirituels. Ce « moment biodynamique » et ces logiques de recoupements les engage ainsi dans des forme à la fois d’individualisation de leur pratique agricole, mais aussi d’exploration de nouvelles approches holistiques, sensibles et créatives de la vigne, tout autant que du Vivant. Ce faisant, les populations vigneronnes négocient l’héritage anthroposophique de la biodynamie au prisme d’autres formes contemporaines de contre-culture spirituelle, complexifiant d’autant plus cet objet social en mouvement et non-stabilisé qu’est l’agriculture biodynamique, et plus largement les agricultures alternatives.