
Un atelier sur le projet de recherche portant sur les savoirs et connaissances en lien avec l’utilisation des Préparations Naturelles Peu préoccupantes (PNPP) s’est tenu à l’Institut Agro de Montpellier les 23 et 24 janvier 2025.
Environ 100 personnes, dont 70 vignerons, de nombreuses régions viticoles de France, sont venus. Nous y avons partagé avec eux les résultats des premières analyses des données, issues des ateliers dans 10 régions viticoles, et des entretiens avec 244 vignerons ou personnes de la filière. Lors d’ateliers spécifiques aux régions et également inter-régionaux, nous avons travaillé sur des fresques de la vigne qui retracent les stades de développement de la vigne au cours de l’année afin de préciser-discuter des clefs de décisions des usages des PNPP, en lien avec l’utilisation du cuivre et du soufre et ainsi les positionner.


Puis, ces consensus – et parfois dissensus – sur les pratiques ont été rediscutés, pour préciser les changements d’usages des PNPP face à des aléas climatiques, ou des pressions de maladies très fortes, là encore en se référant à la fresque de la vigne.
Puis, lors d’ateliers spécifiques à chaque PNPP, nous avons pu classer les verbatims issus des entretiens individuels réalisés en régions, en fonction de leur registre de pertinence, comme le cadre législatif, les modes de préparations, les arguments pour les utiliser….

Enfin, un travail collectif a permis de préciser dans quel registre pouvaient être inscrits les arguments fondant l’utilisation des PNPP et ensuite classer ces registres selon un gradient de certitude *.
Claude Compagnone, grand témoin de l’atelier, nous a proposé son analyse des travaux qu’il a observés au cours des deux journées, et les a mis en perceptive montrant « qu’il n’y a pas de connaissance déconnectée du social » et soulignant « la charge mentale » des vignerons qui utilisent les PNPP, ainsi que par les forces et fragilités de la mobilisation collective. La mobilisation collective qui sera une force essentielle pour réaliser la suite du projet.
Le cadre de tous ces ateliers était précis et a exigé concentration et investissement. Les animateurs des tables, qui tous avaient participé à la construction de ces ateliers lors de visioconférences avec nous, ont déployé énergie, habileté et enthousiasme pour encourager et valoriser la participation de tous. Vous nous avez tous bluffés ! On a senti que c’est votre projet !
Vous avez tous eu la gentillesse de venir avec des bouteilles de vin, et ainsi, c’est une ambiance de partages qui a prévalu lors des 2 jours, au gré des dégustations ! Ombeline et Maxime ont eu cette belle idée de faire appel à un traiteur qui nous a servi des plats locaux, et végan, et plus encore dans l’idée des PNPP, d’inviter des herboristes qui nous ont préparé des tisanes. Ce furent des moments de dégustations-énigmes sur la composition des tisanes assez amusants !
En partant d’une situation extrêmement complexe, celle des usages des PNPP, ces ateliers nous ont permis de rationaliser (un peu) la problématique des PNPP. Quelles seront les suites ? A ce stade, il nous faut :
1. Finaliser l’étude des entretiens et des ateliers en régions sur le plan de sciences humaines et sur le plan agronomique.
2. Analyser les productions des ateliers de Montpellier, et préparer une valorisation scientifique. Dans ces étapes, les relais locaux-au moins- seront associés**.
3. A partir de tous ces contenus, il s’agira d’aller plus loin que ce que nous avons accompli ensemble, afin de faire ressortir des idées clefs, jusqu’à des questions clefs. Puis, il faudra hiérarchiser ces questions, en prenant en compte leur importance et leur originalité scientifique, la faisabilité des expérimentations que cela implique, et la mobilisation de vous tous pour instruire ces questions dans vos parcelles. Pour cette partie, nous prévoyons d’interagir avec -au moins- les relais locaux, voire plus largement.
Quant aux questions, les données à même d’y répondre seront produites dans vos vignes et dans nos laboratoires, ou/et ceux de chercheurs collaborant avec nous. Il y aura donc un enjeu de co-eco-formation significatif : former des vignerons dans nos laboratoires et dans leurs vignes à des études de chimie, de biologie et de biologie moléculaire, et, réciproquement, que vous vignerons, vous nous formiez dans vos vignes, pour ensemble comprendre la nature des données que nous allons produire**.
4. Préparer un projet collectif et chercher des fonds importants. Pour démarrer ensemble dès l’automne-hiver 2025 le volet 2 de vitirepere-pnpp dans le cadre épistémologique précis de la recherche action participative REPERE.
Ombeline Brunois, Isabelle Soustre-Gacougnolle, Mélanie Gellon, Mireille Perrin, Maxime Madouas, Romain Pierron, Jean Masson
* Boltanski, L., Thévenot, L., 1991, De la justification : les économies de la grandeur, Paris, Editions Gallimard. https://www.gallimard.fr/catalogue/de-la-justification/9782070722549.
** A l’instar de travaux que nous avons déjà réalisés sur l’influence des pratiques viticoles sur la santé de la vigne (Soustre-Gacougnolle et al. 2018 ; Masson et al., 2021).
Le projet vitirepere-pnpp est cofinancé par le programme Ecophyto II+, l’Office Français pour la Biodiversité, les associations Biodynamie Recherche et Biodyvin, le Comité Interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA), le GIEE vitirepere et l’INRAE.
Article reproduit depuis le site du projet : https://vitirepere-pnpp.hub.inrae.fr/atelier-national-vitirepere-pnpp/atelier-national-et-suite